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Yves Gobart

Parade, 2011
Huile sur toile
130 x 195 cm

"Rassurez vous, tout va mal. Ce titre en forme d’oxymore emprunté à Clément Rosset, philosophe du
bonheur, résume parfaitement l’univers de conte dans lequel semble nous plonger Yves Gobart. Le conte
est un récit dans lequel des horreurs cathartiques se déclinent avec une visée didactique. Ils cantonnent
toutes nos peurs afin que nous puissions prendre plaisir au réel tout entier sans en masquer aucun aspect.
Dans la peinture d’ Yves Gobart, de grands paysages touffus sont le théâtre d’opération d’une armée de
chimères qui le défriche autant qu’elle en prend possession, le découvre ou le garde. Ces personnages
armés défendent-ils un territoire en nous en interdisant l’accès ou nous convient-ils au contraire à le
pénétrer ? Sont-ils avec ou contre le spectateur ? Autant de questions auxquelles ils ne répondent pas,
enfermés dans le mutisme de leurs têtes animales aux expressions indéchiffrables, à moins de verser dans
un anthropocentrisme réducteur. Les tableaux sont partagés entre le lisible et l’illisible. Etrangement, le
lisible est constitué d’une matière expressive, foisonnante et à première vue impénétrable ; une peinture
de paysage, un texte dont nous lisons facilement les références à l’histoire de l’art occidental. L’illisible
est lui constitué par ce qui pourrait être des saynètes si elles n’étaient jouées par des personnages dont
nous ne savons s’ils sont des hommes masqués ou des animaux anthropomorphes. Ici la représentation
de têtes d’ânes n’est pas du registre de la caricature humaine et prévient toute tentative d’interprétation
moraliste, nous sommes loin des singeries de Christophe Huet. Sans expression identifiable, les personnages ne sont que des miroirs sur lesquels nous projetons une interprétation personnelle ; ces chimères sont bien des chimères. C’est une peinture qui nous laisse constamment dans un questionnement. Peut-on plonger dans l’univers sensuel de ces paysages, se laisser emporter par la touche et les couleurs de chrome dans un univers de pure peinture ? Ou au contraire resterons-nous définitivement sur le seuil Ã  contempler nos propres fantasmes ? Comme dans l’une des peintures de l’exposition, nous sommes embarqués, conduits par un semblable, navigant à travers une peinture luxuriante à la lisière entre l’inextricable et son reflet limpide. L’oeuvre de Gobart malgré son apparente immédiateté ne se prête à aucune lecture univoque. Elle nous laisse à voir que la totalité s’appréhende entre la sensualité et sa négation. Elle rappelle que le monde est par nature impénétrable, et cette franchise est rassurante."


                                                                                                                                       Michel Castaignet, Le Lapin - Lièvre.

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