HYBRIDE II
septembre 2013
Dimitri Tsykalov
"La bête repose en trophée, imposante. Sa force passée, sa sauvagerie accentuent encore
le mérite de ceux qui l’ont abattue et dépecée. Du boeuf écorché s’expose la chair, de cet
ours il ne reste que la peau, Skin.
C’est un retour de chasse – à l’homme. La peau de l’ours est criblée de noms évocateurs:
AK-47, Winchester, Parabellum, … Autant de marques qui claquent dans l’air et
renvoient des échos dérangeants, s’assemblant pour constituer une cartographie du
marché d’armes, un puzzle dénonciateur. Toutes les pièces s’emboitent comme un jeu
d’enfant, unies à travers la mort.
Ces balles ont été pensées, fabriquées, acheminées, chargées puis enfin tirées, vidées de
leur contenu létal, déchargées dans une dernière pulsion libératrice, fatal soulagement.
Et peu importe la cible : les caisses à munitions sont la trace du parcours aveugle qui y a
mené.
L’ours, animal symbolique de l’imagier politique russe, signe d’unité nationale désirée,
se fait l’hôte d’un massacre international, bien loin de cet ourson innocent, mascotte
sportive des JO de Sotchi.
Cette peau d’ours façon marchand d’armes semble nous indiquer, sans voix et à corps
perdu, la trace de l’étrange bataille qui se livre sous nos yeux…"
Alice Cazaux
Skin IV, 2013
Caisses de munitions bois 280 x 188 cm
Courtesy Galerie Rabouan Moussion, Paris