Nous vivons depuis les années 60 dans l’âge du plastique ; des tonnes en sont produites, dont une petite partie est maintenant recyclée. En 1997, lors d’un de ses voyages, le navigateur Charles Moore traverse le Pacifique Nord lorsqu’il voit son bateau pris dans un tourbillon où flottent tout un tas d’objets en plastique. Il vient de découvrir ce que l’on appelle le sixième continent “The Great Pacific Garbage Patch”, une masse mouvante aujourd’hui grande comme cinq fois la superficie de la France, composé de gros déchets comme des bouteilles, des jouets, des brosses à dent… mais aussi de micro particules que l’on appelle aussi plancton plastique.

                   En bonne citoyenne de notre planète, je recycle les déchets, mais lorsque je fais mes courses, je suis frappée par la diversité des emballages plastiques qui existent ; à une époque j’ai commencé à les collecter sans trop savoir ce que j’allais en faire. J’aurais voulu en posséder un exemplaire de chaque modèle. J’ai volontairement choisi uniquement des emballages alimentaires, car de toutes les activités humaines, s’alimenter reste celle à laquelle personne ne peut se soustraire. Je me suis rendue compte que la majorité de ces contenants  n’étaient pas recyclable et finissaient dans les sacs poubelles. Ils sont discrets, superposables, compactables, j’ai souhaité les rendre visibles, lourds et imposants. A l’intérieur de ces conditionnements produits en série dans des quantités astronomiques, j’ai coulé du plâtre auquel j’ai ajouté du colorant noir dans différentes proportions. Chaque moulage possède ainsi sa propre forme et sa nuance de gris, presque imperceptible ou très prononcée ; il en devient un modèle unique, la seule empreinte, un individu dans l’anonymat du vaste monde.

                   C’est ensuite posée la question de la présentation de ces différentes pièces, la difficulté étant de préserver à chaque moulage son unicité tout en faisant naître un ensemble, un tout cohérant et questionnant.